10 décembre 2024, 19h30 - Rencontre-acteurs du logement à Césure (5e)
- Paris Collectif
- 10 déc. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 mars
Le 10 décembre 2024, Paris Collectif a organisé un atelier thématique sur le logement, réunissant des acteurs majeurs engagés sur cette problématique : la Fédération DAL (Droit Au Logement), le Collectif Nos services publics, et le Collectif Jamais sans toit. Cette rencontre a permis de croiser les regards et expertises d'acteurs associatifs, de militants locaux et de professionnels du secteur, offrant une vision à la fois globale et ancrée dans le terrain des enjeux du logement à Paris.
Principaux enjeux identifiés
La crise du logement à Paris se manifeste aujourd'hui par une explosion sans précédent des prix de l'immobilier, avec une augmentation vertigineuse de 200 à 300% en seulement vingt ans. Cette hausse spectaculaire s'est accompagnée d'un alourdissement considérable du taux d'effort des locataires, passant d'environ 10% de leurs revenus dans les années 1970 à près de 30% aujourd'hui.
Situation du parc immobilier
La situation du parc immobilier parisien est particulièrement préoccupante avec 270 000 logements inoccupés, représentant un logement sur cinq, et une augmentation annuelle de 7000 unités. Ces logements se répartissent équitablement entre logements vacants et résidences secondaires. À cela s'ajoutent 25 000 logements détournés pour une utilisation en Airbnb. Les meublés touristiques constituent désormais 37% des ventes immobilières. La concentration de la propriété est également marquante, avec plus de 70% de multipropriétaires à Paris.
Spécificités du logement social
Le parc social représente 25,5% des logements à Paris, avec une progression remarquable de 72% depuis 2001, correspondant à la construction de 123 000 logements. Malgré ces efforts, la demande reste très forte avec 277 000 demandeurs, dont 70% se situent sous les plafonds PLAI. Le taux de vacance dans le parc social est particulièrement faible, s'établissant à 1,7% en 2022.
Problématiques structurelles
Paris fait face à plusieurs défis structurels majeurs. Le déséquilibre territorial entre l'Est et l'Ouest dans la répartition des logements sociaux persiste. La structure de la propriété présente un rapport inversé par rapport à la moyenne nationale, avec seulement 33,4% de propriétaires occupants à Paris contre 57,7% en France. La situation est particulièrement critique concernant l'hébergement d'urgence, avec une saturation du 115 et des dispositifs d'accueil, notamment pour les personnes issues de parcours migratoires après leur sortie de CADA.
Certains publics spécifiques sont particulièrement vulnérables et souvent oubliés : les personnes isolées vivant sous tente, les retraités qui se tournent de plus en plus vers le logement social, et les familles avec enfants scolarisés se retrouvant sans logement.
Propositions et leviers d'action
Actions à court terme
Les actions prioritaires identifiées comprennent le renforcement des pouvoirs de réquisition de la Ville de Paris et la création d'une police des rapports locatifs. Cette dernière serait chargée de contrôler les fraudes à la surface, le non-respect des critères de décence, les augmentations illégales de loyers et les congés frauduleux. La mise en place d'un répertoire des logements et la transformation des bureaux vides en logements constituent également des priorités immédiates.
Mesures à moyen et long terme
Sur le plus long terme, les participants proposent un développement massif du parc de logements publics, s'inspirant du modèle viennois avec un objectif de 60-70%. Ils préconisent également la création d'un statut de promoteur d'utilité publique et la diversification des modalités de production du logement, notamment via des coopératives et des OFS. Le renforcement de l'encadrement des loyers avec des sanctions effectives, la réorganisation de la gouvernance métropolitaine du logement et l'arrêt de la vente du patrimoine public (PHP, SNCF) complètent ces propositions.
Points de vigilance
Plusieurs points de vigilance ont été soulignés, notamment le risque de gentrification des quartiers populaires et les limites du concept de mixité sociale. La préservation des solidarités de quartier existantes apparaît comme un enjeu crucial.
Les enjeux politiques sont multiples et complexes. Ils nécessitent une véritable gouvernance métropolitaine, une convergence des luttes actuellement insuffisante, et une clarification de la fiscalité, particulièrement concernant les droits de mutation et la taxe foncière.
L'articulation avec les enjeux climatiques constitue également un défi majeur, notamment en ce qui concerne la rénovation thermique et l'adaptation à la chaleur dans la perspective d'un Paris à 50°.
Comments